dimanche 14 janvier 2018

ParcourSup: après le site web, la marque aussi suscite les convoitises

Hier, j'annonçais ici qu'une Startup de la FrenchTech de Lyon avait, sans complexe, ouvert un site web à l'adresse "parcoursup.net" renvoyant vers son offre privée de formation et d'orientation en ligne. Le problème était connu depuis l'annonce du choix de ParcourSup par la ministre sur Europe 1 le 21 novembre 2017 et, manifestement, rien n'a été fait pour éviter toute confusion entre le portail institutionnel et ce site privé. Mais ce n'est pas le seul problème, la marque "ParcourSup" attise aussi les convoitises!

Le ministère a bien fait les choses. La marque "Parcoursup" a été déposée à l'INPI le 8 novembre 2017, avant que le choix soit rendu public. Elle a été publiée le 1er décembre 2017 sous le numéro 4402722. Pourtant cela n'a pas refroidi les opportunistes. En effet, la même marque a été déposée le 30 novembre 2017 et publiée le 22 décembre 2017 sous le numéro 4408976 par une structure privée. Le déposant ne s'est pas arrêté là puisqu'il a aussi enregistré la marque "Guide Parcoursup" (n°4408983) utilisée par... KREACTIVE Technologies et M. Kuntz sur le site web Parcoursup.net.

L'État pourra bien entendu faire valoir son antériorité sur la marque, mais un détail a attiré mon attention. Alors que la marque déposée par le ministère de l'enseignement supérieur couvre les domaines de l'éducation, de la communication et de la recherche, celle déposée par la structure privée concerne l'éducation et ... l'assurance.

Pour trouver le déposant c'est de nouveau à Lyon qu'il faut se rendre. Parcoursup a ouvert l'appétit des capitalistes lyonnais! Les deux marques ont été déposées par une association "OSE" domiciliée 43 rue Jaboulay. Cette association est plus connue sous son nom complet : "OSE - le club étudiant". Il s'agit (selon la présentation qu'en fait la PEEP) du "premier bailleur social étudiant"! Mais il y a beaucoup d'autres établissements domiciliés dans ce petit immeuble résidentiel de 3 étages au 43 rue Jaboulay (voir la photo en fin de chronique) : Logifac, l'Office Hôtelier du logement étudiant, la Société hôtelière du logement étudiant, LocMob, la SCGM, l'Office Hôtel logement étudiant Le Prado, l'Office Hôtel logement Le Rossini, SEM Invest, la SCI Puy de Dôme II, mais aussi, l'UITSEM, la Foncière groupe UITSEM 2 et... la SMERRA, des mutuelles étudiantes fédérées avec une mutuelle enseignante : la MAGE.

Toutes les associations et les sociétés domiciliées à cette adresse sont dirigées par la même personne. Et une nouvelle fois, ce dirigeant est loin d'être un inconnu dans la galaxie du SUP. Il s'agit de M. Lionel Lerissel. M. Lerissel définit ainsi ses deux métiers : " Mes deux activités [...], direction de la mutuelle étudiante régionale et gestion de résidences étudiantes, me permettent de couvrir une large partie de la population étudiante. Ces deux structures entretiennent de fortes synergies entre elles".

En bref, le président lyonnais de plusieurs mutuelles étudiantes, également dirigeant d'une galaxie d'associations et de sociétés spécialisées dans la commercialisation et la gestion d'un parc de résidences privées pour étudiants a déposé la marque "ParcourSup" à l'INPI en concurrence avec le ministère. Pourquoi? Une perspective de diversification pour retrouver un business après la fin annoncée du régime social étudiant ?

Ce ne sont pas l'excellence scientifique et la réussite étudiante qui profitent du projet de loi de Mme Vidal, mais des entrepreneurs décomplexés qui flairent la bonne affaire. La ministre a ouvert la boite de Pandore de la monétisation du SUP. On connait la suite: les maux du business de l'éducation se répandent et, pour les étudiants comme pour les universités, l'espérance reste au fond de la boite.
source: google maps

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