lundi 23 janvier 2017

APB : La surprise du chef !

C’est bien connu, quand on a les pieds dedans, plus on bouge, plus on s’enfonce. C’est un peu ce qui arrive au ministère de l’Éducation Nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche et à son secrétaire d’État avec APB (Admission Post Bac).

Sous la double pression de la hausse des effectifs étudiants et de la baisse des crédits, avec le corollaire des « gels de postes » recommandés par l’IGAENR, les universités ont été contraintes d’instaurer des capacités d’accueil pour l’entrée en Licence dans les filières «en tension ». Lorsque ces capacités sont atteintes, les étudiants admis à s’inscrire sont tirés au sort. Ce système absurde, dénoncé par tous, organise une sélection de fait dont la légalité a été critiquée par le Tribunal administratif de Bordeaux le 16 septembre dernier.

Adepte de la rustine, le ministère annonçait lundi dernier la présentation pour avis au CNESER d’un projet d’arrêté pour « sécuriser » le tirage au sort. Devant l’hostilité de tous les acteurs, le texte était finalement retiré et son examen reporté sine die « pour ouvrir une réflexion sur ce sujet sensible » à en croire les propos rapportés par Le Monde.

Il y avait donc de quoi être surpris vendredi à l’ouverture d’APB en découvrant que le paramétrage avait été modifié. Un courrier daté du 19 janvier et signé de Simone Bonnafous, DGESIP, ainsi qu’une note du 13 janvier relative à « l’application de l’article L.612-3 du code de l’éducation » détaillent ces changements. Curieusement la note vise «l’arrêté pris en application des dispositions du 2ème alinéa de l’article L.612-3 du code de l’éducation », c’est-à-dire le fameux projet reporté sine die « pour ouvrir une réflexion sur ce sujet sensible »… 

mercredi 18 janvier 2017

Sélection en master: le privé pas fair-play

 je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte,
mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.

Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui 
Évangile selon St Jean 10 : 01,12


Najat Vallaud Belkacem et Thierry Mandon devraient faire relire aux instances de l'enseignement supérieur catholique la parabole du bon berger dans l'Évangile selon Saint Jean.

La réforme de la sélection en master est la Grande Oeuvre de ce quinquennat raté pour l'enseignement supérieur et la recherche. Mais depuis plusieurs années, il y a un côté pieds nickelés dans les cabinets ministériels. Même animés des meilleures intentions du monde, ils ne sont pas très doués et les bergers mercenaires en profitent.

dimanche 15 janvier 2017

L’attractivité internationale du SUP en France : Le vrai et le faux

La publication des chiffres actualisés de la mobilité internationale de l’UNESCO par Campus France est une aubaine pour les  déclinistes. Il y aurait une « rupture » depuis 2012, une baisse des inscriptions en doctorat et une perte d’attractivité du SUP français, en particulier des universités. Le communiqué de Campus France évoque une situation « préoccupante ». Les propos de sa directrice sont même anxiogènes. Dans Le Monde ou Le Figaro, elle affirme que « les universités marquent le pas », que « l'on constate une baisse des inscriptions de doctorants internationaux » et que le « soft power français est concurrencé par des pays dont on ne partage pas  forcément les valeurs » (Arabie Saoudite, Turquie, Chine, Russie… suivez mon regard).

Dans Challenges, Bernard Ramanantsoa, ancien DG d’HEC, en profite pour jouer les Cassandres – ou plus modestement les Jacques Attali – en reprenant les propositions de son livre et en brodant sur le rapport de France Stratégie publié à l’automne dernier sur un sujet pourtant assez différent (les formations délocalisées).

Pourquoi sonner le tocsin ? D’abord, nous dit-on, la France perd la 3ème place au classement mondial de l’UNESCO. Ensuite, il y a une « baisse de la hausse » de la mobilité entrante. Le SUP français accueille toujours plus d’étudiants en mobilité internationale, mais la croissance est plus faible qu’au niveau mondial. Enfin les universités sont les principales responsables de cette perte d’attractivité et plombent les statistiques avec un taux de croissance très faible comparé à celui des écoles. Ces affirmations sont pourtant largement contredites par les données que présente Campus France.

Changement de méthode

Première inquiétude, la France aurait perdu la 3ème place mondiale. Diantre ! D’abord tout dépend de la source, l’UNESCO ou l’OCDE, dont les périmètres étaient différents. Dans les statistiques de l’OCDE la France était à la 4ème place derrière les USA, le Royaume-Uni et l’Australie en 2001 et… toujours en 2016. Rien n’a changé en 15 ans. Dans celles de l’UNESCO la France était à la 4ème place derrière les 3 mêmes pays mais était passée devant l’Australie (de peu) il y a 2 ans.