mardi 12 août 2014

les réseaux Fioraso


A plusieurs reprises j'ai dénoncé sur ce blog le clientélisme dont faisait preuve Mme Fioraso reprochant à un petit groupe aux intérêts communs d'avoir accaparé l'enseignement supérieur et la recherche. Parce qu'un bon dessin vaut souvent mieux qu'un long discours, voici donc une représentation graphique de ces réseaux. Une version agrandie est disponible en cliquant sur ce lien.

Dans une organisation démocratique élective, il y a deux façons de constituer une équipe de gouvernance : autour d’un projet ou autour d’un réseau d’intérêts communs. A une échelle bien plus modeste, lorsque nous avons été élus à la direction de l’université Paul Valéry il y a plus de 6 ans, nous ne nous connaissions pas, Anne Fraisse, présidente, Cécile Poussard et aujourd’hui Laure Echalier, vice-présidentes du CEVU, Patrick Gilli, vice-président du CS et moi. C’est un projet pour l’université qui nous a réuni pour la durée de nos mandats, au-delà de nos différences d’approches et d’analyse.

Rien de tel, au contraire, avec le ministère et aujourd’hui le secrétariat d’État, de Mme Fioraso. Les intérêts de deux groupes issus de la région Rhône-Alpes qui prônent une imbrication des intérêts politiques, industriels et scientifiques ont convergé pour diriger l'ESR : les « Grenoblois » proches de Michel Destot, l’ancien maire de Grenoble et toujours député de l’Isère et les « Lyonnais » autour de Lionel Collet et, peut-être, du groupe « Marc Bloch » même si l’anonymat derrière lequel se cachent ses membres ne permet pas de l'affirmer.

On ne demande pas à un ministre de gouverner avec ses adversaires politiques. Par contre on attend d'un ministre qu'il porte un projet qui fédère des acteurs que beaucoup de choses séparent. Ce n'est pas le choix fait par François Hollande où ce sont les liens relationnels qui prévalent. Quand ce n'est pas le projet qui dicte la gouvernance mais les intérêts des uns et des autres, on est bien loin de la République exemplaire tant promise.



La Gouvernance de l’ESR

Les « grenoblois »

Michel Destot
Ancien maire de Grenoble, député de l’Isère, mais aussi ancien ingénieur du CEA et PDG de CORYS, start-up du CEA.

Geneviève Fioraso
« Secrétaire d’État », mais aussi directrice commerciale puis membre du CA de CORYS, adjointe de Michel Destot à la mairie de Grenoble de 2008 à 2012, PDG de la société d’économie mixte Minatec créée par Michel Destot, etc…

Sylvain Laval
« Chef de cabinet, conseiller parlementaire », mais aussi membre du comité de soutien à Michel Destot lors de la campagne municipale de 2008 à Grenoble, candidat, malheureux, aux élections cantonales de 2011 à Monestier-de-Clermont, canton  situé dans l’arrondissement de Grenoble et militant UNEF.

Delphine Chenevier, « conseillère Presse et domaine réservé », mais aussi directrice de cabinet de Michel Destot puis chargée de mission Jeux Olympiques à la mairie de Grenoble durant le mandat de Michel Destot.

Adeline Desbois-Lentile « Conseillère discours, égalité, parité et lutte contre les discriminations », d’abord  normalienne, mais aussi ancienne étudiante de l’université Stendhal–Grenoble 3.

Les « Lyonnais »
ou plus simplement les proches de Lionel Collet et peut-être du groupe Marc Bloch

Lionel Collet
« Conseiller d’État » au tour extérieur nommé par François Hollande, mais aussi directeur de cabinet de Geneviève Fioraso ministre, président de l’université Claude Bernard Lyon 1, président de la CPU, conseiller à l’enseignement supérieur et à la recherche de Vincent Peillon durant la campagne présidentielle de François Hollande, président du comité de soutien lyonnais à François Hollande pour les primaires socialistes.

Jean-Michel Jolion
« Conseiller formations du supérieur et orientation », mais aussi MCF à L’université Claude Bernard Lyon 1, délégué général du PRES de Lyon lorsque Lionel Collet présidait Lyon 1, conseiller municipal socialiste de Villeurbanne, conseiller scientifique auprès du vice-président de la région Rhône-Alpes chargé de la mise en place du schéma régional de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Simone Bonnafous
« DGESIP », mais aussi vice-présidente de la CPU lorsque Lionel Collet en était président, présidente de l’université Paris 12 Créteil.

Jean-Luc Dubois-Randé
« conseiller Santé », mais aussi directeur de l’UFR de médecine de l’université Paris 12 lorsque Simone Bonnafous en était présidente.

Vincent Berger
« conseiller ESR auprès du président de la République », mais aussi président de l’université Paris VII Diderot, rapporteur des Assises nationales de l’enseignement supérieur et de la recherche organisées par Geneviève Fioraso et Lionel Collet

et l’on pourrait rajouter Jean-yves Mérindol, finalement président de la COMUE Sorbonne Paris-Cité ou Jean-Loup Salzmann dont le principal mérite aura été de donner satisfaction à une vieille revendication du SNESUP, la disparition de la CPU, dont il est président, etc…

À côté, les autres groupes d'intérêts sont plus anecdotiques. Il y a le CEA, parce qu'il est à la base de l'organisation grenobloise voulue par Michel Destot, le Campus de Saclay, parce qu'il représente la quintessence de cette privatisation de l'enseignement supérieur et de la recherche au profit des grands lobbies industriels français, les deux ENS, Cachan parce qu'elle participe au projet Saclay et Ulm dont sont issus plusieurs membres du cabinet, l'UNEF, avec un poids médiatique bien plus important que son poids politique et enfin l'ENA dont on remarque surtout la quasi-disparition dans ce cabinet.

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