mercredi 16 juillet 2014

Quand les murs tombent



C’est un mur d’entrée sur un campus classé au patrimoine du XXème siècle, un mur en béton brut de coffrage qui sert d’assise à une œuvre d’art, un portail créé par Victor Vasarely, plasticien fondateur de l’Op Art. C’est le mur d’entrée du campus principal de mon université, l’université Paul Valéry à Montpellier.


Après les évènements de 1968, il a certainement été construit un peu rapidement ce mur et le temps a fait son effet. Au début du printemps il s’est tout bonnement pris pour la Tour de Pise ; les fondations en moins. Des blocs de béton de 5 mètres de longueur sur 4 mètres de hauteur qui tombent, c’est plutôt dangereux, surtout lorsqu’au fil du temps, les étudiants avaient pris l’habitude d’y garer leurs vélos.

Heureusement le risque a été identifié très tôt par les agents de l’université. Les vélos ont été enlevés et les étudiants et les personnels mis à l’abri au-delà d’un périmètre de sécurité qui mange une bonne partie de l’accès principal au campus. Heureusement encore, l’Art a sauvé l'ingénieur : le portail de Vasarely a retenu le mur et freiné sa chute. Mais tout l’art de Vasarely n’a pas suffit à contenir la gravité de Newton et des pans de ce mur ont commencé à tomber.


En urgence l’université a engagé des travaux de sécurisation. Coût pour l’établissement pour cette malfaçon historique : 260.000 €. Pour une université que l’État et la politique de Valérie Pécresse et Geneviève Fioraso ont mise en déficit, c’est beaucoup. Alors l’université a sollicité l’État pour qu’il lui vienne en aide. Le Parlement alloue en effet au ministère de l’enseignement supérieur des crédits d’urgence pour la mise en sécurité, la situation justifiait leur utilisation.




Et justement, fin juin, mon université recevait un courrier du ministère avec sa notification de crédits pour 2014 dans lequel le ministère lui attribuait 260.000 € de crédits de mise en sécurité. Renseignements pris, il s’agissait de financer les travaux d’urgence engagés par l’établissement.

La présidente remerciait immédiatement la ministre, mais elle constatait dans le même temps que la notification « oubliait » la promesse faite en novembre 2013 par le cabinet de la même ministre d’allouer, par ailleurs, 500.000 € de crédits de mise en sécurité à l’établissement pour lui permettre de ne pas fermer l’antenne universitaire de Béziers. Elle demandait donc, en toute logique, que cette somme soit réinscrite au crédit de l’université.

La réponse du ministère vient de tomber : la promesse faite en novembre 2013 sera tenue… mais plus question de financer la sécurisation du mur, les deux sommes se confondent et l’université a perdu 260.000 €. Paul Valéry vient de faire les frais des pratiques détestables consistant, pour le ministère, à revendre deux ou trois fois la même somme pour couvrir un chapelet de promesses. Entre l’avenir des étudiants à Béziers et la sécurité immédiate des étudiants à Montpellier, l’État laisse l’université choisir… ou supprimer quelques postes de plus pour financer les travaux.

Alors bien sur, ce n’est pas le mur de Berlin ce mur d’entrée. Ce n’est que le mur de l’université Paul Valéry, une banale porte d’entrée qui n’a qu’une vocation utilitaire, celle de contenir la terre pour qu’elle ne s’écoule pas en ruisseaux fangeux aux premiers orages méditerranéens.

Mais à son modeste niveau, ce mur est un des symboles de l'impéritie de l’État et de la misère dans laquelle il abandonne les universités françaises.


3 commentaires:

  1. Un beau symbole d'une université française qui s'écroule!

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  2. 260 000€ pour un mur épais comme ca !! C'est énorme !
    Manque de moyens ca veut surement dire manque de compétences mais c'est clairement pas manque d'argent (260 000€ c'est le cout de construction de 2 maisons complètes !! quand même)

    http://www.cmarteau.com/exterieur-maison/construction/mur-de-soutenement-en-beton-arme-10086/

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    1. Bonsoir Alex,
      260.000 € c'est la mise en sécurité, la reprise du mur sur une bonne centaine de mètres et derrière le mur c'est 1 parking et environ 3000m2 en pente à décaisser et réaménager... pas une ni même 2 maisons individuelles ;-)

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