jeudi 1 mai 2014

Sic transit Gloria mundi : Les attributions de la secrétaire d'État Mme Fioraso

Dans une précédente chronique je concluais : "toute honte bue, Geneviève Fioraso peut passer du statut de ministre à celui de simple secrétaire d'État, elle a déjà perdu toute crédibilité". Je ne pensais pourtant pas que la chute serait aussi brutale.

Mme Fioraso a bien été nommée secrétaire d'État contre une large partie de la communauté universitaire, mais le décret fixant ses attributions paru hier au Journal Officiel ramène ce titre à peu de choses.

Elle dont la politique n'a été que mépris pour les universités (faut-il rappeler que dans la version initiale de la LRU2 les universités ne participaient pas à la définition de la politique nationale de la recherche?) et mensonges (qui croit encore à ses annonces sur les crédits supplémentaires des universités ou à son amour des Humanités?) pourra continuer à exercer, "par délégation, les attributions du ministre relatives à l'enseignement supérieur, à la recherche et à la politique de l'espace", mais elle n'en a plus le budget. Elle peut seulement "participer à la préparation des décisions" concernant le budget des universités ; autant dire que les arbitrages lui échappent et seront l'apanage du ministre.

On ne s'en réjouira même pas. Benoît Hamon a d'autres priorités et déjà d'autres soucis que l'enseignement supérieur qui passera au second plan. Pourtant, quel sera l'interlocuteur des universités à qui l'État ne donne pas les moyens de payer les fonctionnaires transférés au nom de "l'autonomie" ? Benoît Hamon puisque Mme Fioraso n'est plus compétente en matière budgétaire. Et avec qui discuter des "audits" de l'IGAENR, sages conseils pour universités sous-dotées abandonnées par l'État qui promet mais ne tient pas? Benoît Hamon encore puisque c'est lui qui a autorité sur l'inspection.


De toute façon, à lire la composition du nouveau cabinet de Mme Fioraso on ne voit pas beaucoup de compétences budgétaires ou financières. Il est vrai qu'il n'y en avait pas beaucoup non plus lorsqu'elle était ministre ! La fonction était occupée par un spécialiste du discours politique... ou de la langue de bois, c'est selon. D'ailleurs, à lire la LRU2, il n'y avait pas beaucoup de compétences du tout dans ce cabinet et la dégradation au rang de secrétariat d'État, si elle n'améliore pas les choses, ne risque guère de les aggraver.

Et puis, au royaume des aveugles, les borgnes sont rois et l'on trouve encore plus famélique comme secrétariat d'État. Ainsi M. Harlem Désir, "secrétaire d'État chargé des affaires européennes" sera seulement "associé en tant que de besoin à la définition de la politique étrangère et de sécurité commune" et c'est une autre secrétaire d'État, Mme Annick Girardin qui "suit les actions de l'Union européenne en matière d'aide au développement"...

Mais alors, à quoi sert encore Mme Fioraso ? A satisfaire M. Destot et les lobbies du nucléaire, des transports, des communications, de l'agro-alimentaire et des laboratoires pharmaceutiques? Comme le dit Pierre Dubois dans une chronique récente, à 9.443 € brut par mois c'est cher payé pour faire de la représentation.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire