mardi 18 juillet 2017

Coûts cachés des appels à projets : Le pire est toujours certain

La prochaine fois que je présenterai ma candidature comme ministre je le saurai : il faut parler de l’ANR. Près de 18.000 lecteurs en 48h, des commentaires tranchés, c’est un intérêt que mon blog n’a jamais connu… et n’avais pas pour ambition de connaître. Certes l’ANR est un sujet important, mais entre les LRU, la sélection, la redistribution des rôles entre public et privé, le budget ou les évolutions internationales du SUP, j’ai la prétention d’avoir soulevé des questions plus essentielles depuis 4 ans sans susciter le même intérêt.

Nouvelle surprise le 18 juillet : le ministère annonce la démission du directeur de l’ANR. Plus curieux encore, ce dernier se voit confier une mission sur l’évaluation des différents modes de financement public de la recherche !

Hasard du calendrier, cause ou effet ? Certains sur twitter ont cru voir un lien entre la chronique et cet événement. Je penche plutôt pour un cas de métempsychose avec la nouvelle ministre de l’enseignement supérieur. L’âme de Frédérique Vidal est passée dans mon corps ; ou l’inverse. Imaginez si c’était celle de Thierry Coulhon ! Seulement la métempsychose ça ne fonctionne pas toujours très bien, alors le résultat n’est pas vraiment conforme aux attentes.

samedi 15 juillet 2017

(In)efficience et coûts cachés du néo-management : l’exemple de l’ANR

Le financement sur projets est le symbole par excellence du New Public Management et des théories libérales. Foin des dotations récurrentes, les services publics doivent mériter leurs crédits et se battre pour décrocher les moyens de remplir leurs missions. Pas de projet, pas de recherche !

Le SUP est un terrain de jeu rêvé pour ces idéologues, mais ils se gardent bien d’évaluer l’efficience du dispositif qu’ils ont créé. La publication des résultats détaillés de l’appel à projets ANR-AAP générique par News Tank, l'agence d’information spécialisée dans l’éducation, est l’occasion de faire une estimation de ces coûts cachés que les libéraux omettent soigneusement de calculer. Et là surprise! Le financement par projets est ruineux. Certes on s’en doutait, mais quand on fait le calcul, même de façon très sommaire, l’ampleur des coûts impressionne : l’appel à projets coûte plus cher que les sommes distribuées !

Dans la première phase de l’AAP générique 2017 les universités et les labos de recherche ont dépensé 91,55% du budget de l’appel à projets pour candidater ! En clair l’État a obligé ses opérateurs à dépenser 357,2M€ de crédits publics pour obtenir 390,2M€ de crédits publics !

Quand on ajoute les coûts de fonctionnement de l’agence, ceux des multiples conseillers, cabinets d’audit et autres organismes qui prospèrent sur le fumier du libéralisme, pour 1€ de crédits de recherche ANR, l’État et ses opérateurs auront dépensé plus de 1€ de crédits publics. Et encore, je ne prends ici que l’exemple de l’ANR. Si on fait le calcul sur le Commissariat Général aux Investissements d’Avenir, les PIA et les IDEX de l’Institut Montaigne et de MM Coulhon, Schweitzer, Korolitsky, Fuchs & consorts , les ratios sont explosés. Les libéraux font payer leur idéologie par le contribuable français.